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   |  | Ronny Someck - his poetry    Poems     More poems > here And more poems > here And more poems > here     
     
        
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 |   | Lifting/RemodelageJe connais un médecin qui répare  la virginité de celles qui croient qu’une nuit de noces doit s’achever
 dans le sang.
 Pour ne pas révéler de secrets, il cache leur histoire.
 L’une vivant dans un quartier rempli de synagogues
 pensait avoir profané son sanctuaire,
 une autre d'un village arabe à la frontière du Liban  n’avait pas réussi
 à garder l'entrée de la caverne d'Ali Baba,
 une autre encore assurait que c’était arrivé à force
 de galoper sur son cheval.
 « Toi , lui dis-je, tu pourrais être à la fois ministre sans portefeuille au pays de l'honneur familial,
 ou ministre du vitrage au royaume des briseurs de vitres,
 ou bien celui des  réparations  au royaume des dégâts.
 Et peu importe qu’au titre de tes multiples fonctions tu sois invité
 par le clan de la fiancée pour que tous se pâment devant le nez
 que tu lui as refait en prime
 avant le mariage.
 Tr: Michel Eckhard Elial  |      
        
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 |   | Dompteuse de lions« Toutes les chansons d'amour sont vouées à l'échec, et c'est peut-être ma spécialité.» (Bruce Springsteen)
 Personne ne lui avait jamais dit qu'un rugissement suffisait à faire voler un gant des mains d'un boxeur ou dresser la queue d'un paon,
 è faire sauter l’aiguille d’un tourne-disque,
 et même à effrayer le stylo qui, au lieu d’écrire encore
 sur cette page, aimerait noircir d’encre
 des queues de lions.
 Elle voulait seulement être dompteuse. Des charbons venus d'on ne sait où noircissaient ses sourcils
 et au dessous, dans ses yeux, brûlait un feu ardent
 échappé des portes de l'enfer.
 Les doigts de sa main gauche serraient le poing
 Et dans l’autre pendait un fouet, en cuir d’animal
 dont même en rêve, elle n’imaginait pas que la peau
 puisse frapper le roi des animaux.
 Et moi, qui voulais lui écrire un poème d'amour, je savais que chaque mot serait plus fragile qu'un poil
 arraché  de la crinière.
 Tr: Michel Eckhard Elial  |      
        
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 |   | Au pied de Massada, un chameau  percuté la Jeep de Laurie AndersonElle ne savait pas que sur la rive  occidentale de la Mer Morte Eleazar Ben-Ya’ir dirigeait l’orchestre d’un suicide collectif
 Sur son vaisseau spatial Superman,
 n’a aucune chance
 en face de la technologie du chameau.
 Tr: Michel Eckhard Elial  |      
        
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 |   | JauneQuand Dieu fit une nouvelle éditiondu jaune
 Il imita les tournesols
 de Vincent Van Gogh.
 Ce qui rendit, depuis, le soleil très jaloux.
 Tr: Michel Eckhard Elial  |      
        
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 |   | L’orchestre des pompiers (ou réponse à la question: Comment décrire l'amour en poésie)  Cet orchestre est intemporel. il n’a jamais éteint le feu,
 même d’une simple allumette.
 Mais au dessus de leur tête
 les chapeaux des musiciens sont en flammes;
 pouvez-vous répondre à une telle
 devinette ?
 Tr: Michel Eckhard Elial  |      
        
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 |   | The Firefighters' Orchestra (or an answer to the question: how to describe love in poetry)  This orchestra has never extinguished a flame,
 not even a match.
 But on the heads of the musicians,
 the hats are burning,
 and that's the whole catch.
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 |   | Le poème suivantLà-bas au-delà des sept vaches grasses du rêve de Pharaon,
 au-delà du backgammon sur la table de formica
 d’un café de Paris, où
 j'ai montré des poèmes à Adonis,
 au-delà des cinq fauves  des Celtics de Boston
 déchaînes par Larry Bird,
 au-delà des quatre cavaliers de l'Apocalypse
 de la Vision de Jean,
 et du chiffre 3, qui embrase
 les planètes du feu.
 C’est là, au-delà des deux collines du paysage de son corps
 que se  prosterneront pour elle,
 l’Une,
 ce poème
 et le poème suivant.
 Tr: Michel Eckhard Elial  |      
        
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 |   | SamsonSi Samson vivait encore, il soulèverait Des poids dans le club de remise en forme El-Yarmuk
 De la rue A-Nafaq à Gaza.
 Sur sa main droite est tatouée une gueule de lion
 Et sur le mur d’en face pend la main redoutable de Bruce Lee
 restituée très jeune à l’intendance  céleste.
 « Que font les Dalila de la nuit ? » chantonne-t-il. tout bas
 Et dans l'aveuglement de ses yeux errants, les jambes de gazelle
 De celle qui lui a dit un jour que de ses tresses on pouvait nouer La corde d’un pendu.
 Il se souvient encore de la main qui a lié les flambeaux
 aux queues des renards, et allumé certains endroits de sa nudité philistine
 « Oui, je suis », dit-il aux gardiens des portes de la ville,
 les quatre chapitres dans le livre des Juges », qui attirent
 de ses mains une serviette trempée de sueur aussi ancienne
 que ses jours. Il oublie toujours de jeter
 de la jeter dans le panier à linge.
 Tr: Michel Eckhard Elial  |      
        
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 |   | Poppies on a Library Shelf"The Thought-Fox" by Ted Hughes brushes its tail against Ariel by Sylvia Plath.
 "The poppy," he tells her, "is a wound."
 She says that in October,
 poppies don’t hide their color with a dressing.
 Enough, I ask them,
 forget for a moment
 the tea-time manners of five o’clock
 and smear the red of the flowers
 back onto Sylvia’s lips
 so I can imagine
 a kiss of reconciliation
 when I turn off the light
 above the library shelf.
 A library, I tell myself, is also
 a graveyard for the paper
 where some of the dead
 continue to redden the dead man’s imagination
 with the color of nipples.
 Tr: Karen Alkalay-Gut |      
        
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 |   | David et AngelaAngela: je vous jure que c'est le nom d’une étudiante qui reçoit un salaire
 de la mairie de Florence pour nettoyer les statues de la ville.
 Dans une interview au bulletin de l'Académie des Beaux-Arts
 elle déclare que David est son préféré
 et qu'elle est sûre qu’au  jour de la résurrection des  statues,
 même sans rémunération de la municipalité,
 il  se réjouira  de faire resplendir de ce que Michel-Ange
 aurait pu, pour l'amour de Dieu,
 sculpter pour elle.
 Dans quel océan d’imagination nages-tu? Je lui demande,
 et elle montre un seau et dit
 que pour l’instant, c’est elle la bulle de savon
 qui bientôt mouillera le chiffon
 pour faire briller les boucles de David.
 Tr: Michel Eckhard  Elial  |      
        
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 |   | Hostages / KidnappéesHostages They drewtheir eyebrows
 with embers
 and beneath them their vacant eyes
 burning the fire
 of lionesses
 smuggled out
 from the gates
 of the zoo.
 Translated from the Hebrew by Karen Alkalay-Gut Kidnappées   Avec des braises Ils leur ont dessiné
 les sourcils,
 et en dessous
 dans les yeux
 éteints
 brûle
 un feu
 de lionnes
 sauvées
 des portes
 de l’enfer.
 Tr: Michel Eckhard  Elial  |      
        
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 |   | Le poète s'adresse à son premier poème  À l'âge de 16 ans, la poésie m'a enlevé d'un orphelinat pour coupe-langue.
 Assieds-toi sur les épaules du langage, dit-elle,
 et frappe avec tes petits pieds dans son ventre.
 D'une main, ferme ses yeux
 pour qu’elle ne voie pas, comment l'autre main
 déshabille son corps
 de ses vêtements de fête.
 C'est peut-être pour cela que je t'ai écrit mon premier poème dans la pièce où j'imaginais une femme à moitié habillée
 allumer une cigarette dans un poêle brûlant.
 Je pourrais la décrire sans avoir à témoigner pour chaque mot.
 Si elle avait eu son mot à dire
 elle aurait éteint le feu, ne laissant
 aucune fumée ni image
 friser ses cheveux.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | La petite sirène pour Noa Shakargy  J'aurais pu commencer ma vie, épaule sous le cou en bronze,
 de la Petite Sirène, à Copenhague.
 Là devant les vagues qui picorent de jalousie
 le béton de la jetée, il y aurait eu des oiseaux qui replient
 leurs ailes sur moi en oubliant un instant l'envie
 de voler.
 Mais je suis né à Bagdad
 et mon épaule se courbe
 comme le Tigre, ou l’Euphrate,
 où j’aurais pu lancer ma ligne,
 et rester pour l’éternité amoureux
 des poissons d’or.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Le Petit Prince pour Giddon Ticotsky  Si l’avion d’Antoine de Saint-Exupéry ne s’était pas écrasé
 peut-être que le Petit Prince aurait eu un frère.
 qui aurait ôté tout plaisir pour la rose,
 il aurait empoisonné les puits
 et appris  au renard que c’est juste là qu’il faut boire.
 Viens, aurait-il dit à son frère aîné, en l’invitant à  allumer une cigarette avec la lave du volcan,
 et à prendre la place  de l’allumeur de réverbères,
 qui ne revient jamais à la maison,
 dans le lit de sa femme.
 Nous achèterons du Beaujolais Nouveau pour que l’ivrogne
 de l’autre planète ne cesse de s’enivrer
 que d’un méchant Cognac.
 Cesse de rêver comme toutes les filles de 16 ans rêvent que tu sois leur unique roi ».
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Le chat bottépour Yigal Schwartz    Dommage que ce soit un chat et non pas une chatte.
 Si des talons-aiguilles auraient pu
 remplacer les bottes,
 la fourrure eût été plus sensuelle.
 Comment  dès lors ne pas greffer sur ce poème
 au moins un vers de plus sur
 le désir.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Sherlock Holmes pour Noah Manheim      Combien  d’allumettes les détectives de Scotland Yard
 doivent-ils allumer
 pour chercher
 sur le trottoir
 le vers effacé
 du poème
 que Sherlock Holmes
 n’a jamais écrit ?
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Blues of the nude model that emerged unexpectedly from memories of art school She didn't recognize me. It's been years since the night I aimed
 a gun at her poking holes
 in the clouds I've hidden
 under the pillow.
 The bus was in no rush to arrive and she lit
 another cigarette, perhaps because she wanted to cover in smoke
 a painting by Toulouse-Lautrec that was copied by an ill-conceived hand
 on the sign of the Moulin Rouge bra shop
 an entire cavalry rode her since,
 and nothing has made me forget an inch of her flesh.
 The first time I approached her
 she said that a painter's squad is worse than a firing squad,
 and that she had to bath so she can remove all the paintbrushes
 that they stuck in her.
 "Ah", I told her, "you aren't the type of girl that you ask
 'what's your star sign' when hitting on you"
 "It's a good sign", she said, "that you figured it out so fast"
 That evening, in the twilight zone, at the end of three steps
 between the school's gate and a wobbling floor tile before
 the crosswalk I knew there's no chance
 to finger paint with her.
 And now what to say behind her back?
 Maybe that her cheekbones got very pointy?
 That rust settled on the arrows that once flew from her lashes?
 Or say
 that even today on the mines hiding in her body
 are drawn with charcoal pencils
 the shrapnel of the next explosion.
 Tr: Hagar Raanan |      
        
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 |   | Honorer sa mère  L'onglet de guitare offert par ma mère  peu de jours avant sa mort je l’ai épinglé
 au revers de  la veste achetée  dans un magasin de Montpellier,
 dont les vêtements semblaient tous inspirés de Don Corleone.
 Il s’est trouvé quelqu’un pour dire:
 comment se fait-il qu’une femme irakienne qui a grandi
 sous les cordes du ‘oud de Farid al-Atrash
 puisse comprendre la Gibson d'Elvis Presley?
 L’idée m’a traversé la tête, aussi tendue
 qu’une gâchette, que si
 dans ce magasin, où les gangsters
 achetaient des révolvers,
 j'en achèterais bien un
 pour lui tirer dessus.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Le poème sur la tankiste Dorian Les mots sont des mines que je dégoupille en lignes  enroulées comme les chenilles d’un tank
 sur le sable de la page
 pour rappeler à la soldate Dorian
 comment autrefois dans les combats de la bouche
 l’armée des dents de lait
 mâchait des soldats en chocolat,
 et pulvérisait l’eau de son pistolet-jouet,
 et comment les soldats de plomb descendaient-ils danser au palais
 que beaucoup de poupées Barbie bâtissaient
 en imagination.
 Maintenant la sangle du casque est serrée sous son menton,
 les cils dressés comme les canons d'un tireur d'élite
 et au bruit de tir
 un oiseau de feu s'envole de sa tête.
 Les tanks, elle le sait, ce ne rien de plus qu’un complexe de supériorité d'une tortue qui a grandi
 dans une boîte à chaussures placée dans un coin
 des  chambres de son enfance.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Letter to Yona Wallach I recall the night you suggested I write the anthem for the bordello orchestra
 in “Fanny Hill.”
 “Women,” I began, “polish your lips.”
 “Men,” you added, “prepare your hips.”
 “Now,” I continued, “a passionate phrase
 or some fiery words.”
 And you said, “never mind,
 let’s sing first
 about what’s mine.”
 Tr: Liora Someck and Christopher Merrill |      
        
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 |   | Fingers From his imagination, Michaelangelo drew the finger of God
 And I draw from memory the moment
 I first touched the fingers
 of my daughter.
 Not the ceiling of a chapel,
 not with a wood-handled brush
 tin connecting
 the cut fox hair.
 Not Rome
 and not the gilded Jesus hanging
 on the Pope’s bedroom door,
 but just a maternity room in Bellinson hospital
 in Petach Tikva.
 The month was December, the year 1991
 and that evening on the way from the exit door
 to the 51 bus station the last rays of sun
 were planted like daisies
 in the flower pots of the world.
 Tr: Karen Alkalay-Gut |      
        
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 |   | What poetry wants Most of all she wants to be Lady Godiva's mare.
 Only naked ones from word clothes
 gallop on her
 Tr: Eva Dabara |      
        
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 |   | In Praise of the Encyclopaedia Hebraica Never leave the brown volumes of the Encyclopaedia Hebraica on the sidewalks
 They are not a buggy with a squeaking right wheel,
 a bed with a broken spring
 or the dizzy head of a forlorn fan.
 Consider the child Ronny asking the librarian when the new volume will arrive, to wallow in it like an infant
 to believe that the pages are a sheet stretched on a bed
 on which was dreamt the volume D for "dream"
 so that the head like the blades of a fan keeps moving
 Among the pyramids built in Egyptian stories
 and those I will continue to build in "I"
 of the "imagination"
 Tr: Karen Alkalay-Gut |      
        
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 |   | Poème d’une petite fille kidnappée Ici je me souviens avec quelle facilité
 j’ai remis le bras
 arraché par erreur
 à l’épaule d’une poupée.
 Alors pourquoi maintenant qu’il ne reste de moi  qu’un seul bras
 Il n’y a personne pour me rendre
 au corps que j’ai laissé là-bas
 sur une terre kidnappée ?
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Pourquoi j’aime le cinéma français                  pour Michel Eckhard Elial  Les Gitans de tirer sur leurs Gauloises dont les bouffées semblaient remonter
 d’une fabrique de manteaux aux cols cheminée.
 Et Jean-Paul de griller encore une cigarette
 devant le bikini mythique
 de Brigitte.
 Avec mes 19 ans et l’acné sur mon visage
 je savais que la photo d’Alain Delon
 au-dessus du lit de ma petite amie
 ne me laissait aucune chance.
 Je n’avais pas d’autre choix que de succomber au charme de Catherine Deneuve
 en ouvrant le parapluie de l’amour
 comme celui qu’on ouvre
 sous les bourrasques de pluie.
 Heureusement qu’il y avait encore des nuits pour imaginer
 que quelque part en France on vivait
 au rythme des machines à coudre qui confectionnaient
 les robes de soirée de Pierre Cardin.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Dans le dépôt de distribution de vêtements aux rescapés. Hall des expositions, Tel Aviv En triant des soutiens-gorge j’apprends la différence entre l’un brodé en dentelle
 et l’autre en coton melotonné avec armatures.
 La guerre est un temps d’abjection,
 et je ne suis pas Charles Bukowski, pour imaginer
 à qui on avait pu l’ôter
 et qui pourrait s’en revêtir.
 Je ne fais que les entasser dans un carton réutilisé
 de barres de chocolat
 avant de remplir d’autres cartons.
 Tr: Michel Eckhard Elial In the Clothing Donation Depot for Survivors. Expo, Tel Aviv I sort bras and learn the difference between the lacy padded one
 and one that is soft-lined underwired cotton.
 War is a time of shame
 and I'm not Charles Bukowski, who surely would have
 tried to identify from whom it was taken off and  on whom
 it will be dressed.
 I'm just stuffing a pile into a used carton
 of chocolate bars
 and pass on to the next pile.
 Tr:Karen Alkalay-Gut  |      
        
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 |   | Je suis la tête décapitée que vous ne reconnaissez pas Mes cheveux sont plus blonds que le sable sur lequel ils roulent.
 Mes lèvres pleines de mots
 aussi tranchants  que le couteau
 qui a tranché ma gorge.
 Si mes yeux vous hypnotisent, mettez un jeton
 dans la roue de la fortune
 qui tourne sous les sourcils.
 Ne demandez pas mon nom, imaginez mes mains
 rattachées à un corps qui était si beau
 sous mon cou.
 Jeté maintenant  sur la  honte de la terre
 comme une simple peau de banane.
 Le soleil brillait, écrit  le poète,
 Tout ce que je suis c’est un modèle d’obscurité.
 Pas plus.
 Tr: Michel Eckhard Elial I am the severed head you do not know   My hair is more blond than the sand it rolls over On my lips crowd words
 Sharp as the knife
 that met my throat.
 You who are mesmerized by my eyes,
 put a chip on the wheel of fortune
 that spins under the eyebrows.
 Don’t ask my name and imagine my hands
 hugging the body that was so beautiful
 beneath my neck
 and now cast upon the disgrace of the earth
 as if it was no more than a banana peel.
 The sun shone, the poet wrote, And I am barely a model of darkness.
 No more.
 Tr:Karen Alkalay-Gut  |      
        
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 |   | On The Unbearable Lightness Of Changing A Light Bulb How many twists does it take to change a light bulb? It lives in my hands as if it were
 a pear from a painting by Paul Cezanne.
 I peer at it and at my wife's face
 and in another moment, I will bite into what
 will erupt from within.
 At this point I am an anthropologist in the Lands of Light.
 My eyes are sure they were born from the womb of a conflagration
 and no smoke obscures the desire of my mouth
 as I whisper the word
 "Fire".
 Tr:Karen Alkalay-Gut    |      
        
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 |   | Shofars The sound of the shofar from the Ashkenazi synagogue mingles with its brother from the Yemenite synagogue
 which is already suffused with the shofar’s blow
 from the Iraqi synagogue that was built above it.
 Show me another restaurant in the world whose menu includes in one mouthful
 zhug,
 amba
 and ptcha.
 (Zhug is a Yemenite spicy sauce, amba is a pickled mango sauce from Iraq, and ptcha is an aspic popular in Eastern European cooking)  Tr:Karen Alkalay-Gut    |      
        
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 |   | She From the Floor Below One floor down from the flat of my youth lived a whore.
 I was almost old enough to know
 that red high heels and inches shortening her dress
 were combat fatigues.
 She had the name she was born with
 and the name she invented for those craving her snatch.
 Sometimes she’d pull out cash from her bra and ask
 me to buy her Marlboro Lights perhaps to ignite
 those who’d consumed her day.
 And I was stupid enough to think
 that if I bring the bill to the police
 they’d find and arrest the owner of the prints
 that pinched her,
 and that after that they’d point to me and say:
 this is the one who struck his hoe to clear the weeds from her head,
 the one who was always the gardener in the nursery of her dreams,
 the one who saved her.
 Tr:Karen Alkalay-Gut    |      
        
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 |   | At the Harley Davidson Engine Plant in Milwaukee I watch the screwdriver spinning the head of a tiny screw and know that at this very moment is born
 the motorcyclist’s solitude.
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 |   | Hermès Aussitôt après avoir été embauché au service des coursiers de l’Agence centrale de la Banque de Prêt et d’Epargne, mes nouveaux collègues de travail m'ont entouré et m'ont demandé mon nom. J’étais sûr qu’il n’existait personne au monde qui n'ait lu la Mythologie, et sans le moindre sourire j'ai répondu : Hermès, en ajoutant intérieurement : le Messager des Dieux. Chaque homme, a écrit la poétesse, possède un nom que Dieu lui a donné et que lui ont donné les murs de la banque et le calcul des taux d’intérêt. Mon dieu à moi s’est transformé en sculpture grecque. Quand le directeur a demandé : Hermès, pourquoi n’es-tu pas arrivé à temps chez l’avocat ? La lettre était urgente. J'ai failli répondre que je n'avais pas trouvé dans sa cage d'escalier une place pour le cheval de la guerre de Troie. La fille du comité d’entreprise, qui distribuait du vin à chaque fête, je l'ai appelée Mme Dionysos. Comme les coursiers s’émerveillaient à la vue de mon amie et me demandaient son nom, j'ai dit, au visage étonné de Dina, Aphrodite. Je savourai alors, goutte à goutte, le nectar de la vie. A la cime des feux de circulation de la ville flottaient des couronnes de laurier, des sandales de cuir étaient cousues aux racines des arbres qui défilaient dans les avenues, mes poumons respiraient l'air de l'Olympe, gonflant la roue des vélos de service. Dans les cafés  au bord de la mer j'ai bu de l'ouzo, comme on peut l’imaginer, avec Poséidon. Sur mon lit j’ai aiguisé les flèches de Cupidon, et j'ai souhaité les diriger vers le coeur de celle qui a finalement accepté de déboutonner sa chemise. Puis d'un seul coup, devant les mamelons de la vérité, la tempête de la mer a cessé. La porte des Amazones a été balayée par les rochers, et mes doigts ont fait ruisseler les sources intarissables de l'inimaginable.  Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Poème sur le siège-arrière d’une mobylette (modèle 1967) Elle ne s’en souviendra probablement pas mais les mains qui tenaient sa taille
 n’ont pas été crées seulement pour que je ne glisse pas
 du siège arrière d’une mobylette brinquebalante.
 Les ouvriers du coeur ont alors ouvert grand ses chambres
 et le chemin de terre sur lequel nous roulions
 ne nous a épargné aucun cahot de pierre
 ni l’embrassade d’un nuage de poussière.
 Je n'ai pas eu à me souvenir d'Andrès Segovia disant
 que la moitié du temps les guitaristes accordent la guitare
 et que le reste du temps, c’est involontaire.
 j’étais une guitare comme celle-là.
 Je  ne soufflais alors mot,
 dans le Régime des songes j'étais Ministre du silence.
 Je ne savais pas alors qu’un an plus tard son père serait nommé chef-d’état-major,et que je deviendrai à jamais dans cette histoire
 un simple soldat de cette armée.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | DJ Blues at the Shelter for Abused Women I want to be a DJ at the shelter for abused women,
 sing songs to net swordfish
 from the eye's bottom, drown sharks of pain
 and fill the heart’s aquarium
 with goldfish.
 But the ears of abused women are
 pits full of curses,
 they are frightened of every scratch on word's lips,
 of a knife sharp as a tongue,
 of the throat’s vacuum lined with silk-alike.
 “Women, women,” I whisper to myself,
 “I’m scribbled like a page torn out of your biography
 and you are lines in the blues I’ll compose
 in the alphabet of periods when you are nothing more
 than flesh chucked out from hell's butcher shops.”
 Tr: Shirly Someck |      
        
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 |   | La chaîne alimentaire de la poésie Un proche parent de ma femme, nouvel immigrant de Roumanie, ouvrit à Tel-Aviv
 dans les années cinquante du siècle précédent
 une fabrique de tétines.
 Prenant de l’âge et diminué, son fils a ajouté une nouvelle activité:
 la fabrication de préservatifs.
 Apparente contradiction : trop de préservatifs réduiront le nombre
 de bébés et de tétines.
 En fait, une proposition pour décrire la chaîne alimentaire de la poésie:
 d’abord on enveloppe
 le mot
 dans l’élastique furtif qui protège
 et donne du plaisir.
 Ensuite quand on le jette,
 on a une pensée pour sa première destination
 comme dans la bouche du bébé qui absorbe,
 les pleurs
 et les cris
 et les voix, que personne en dehors de toi
 n’entend.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Le temps des chevaux de guerre C’est le temps des chevaux de guerre qui galopent
 et ruent
 dans sa chair.
 Arrachés au milieu de la nuit
 aux écuries de son corps
 pour piétiner avec les sabots durs,
 et toutes les guerres célébrées maintenant à leurs flanc
 toutes les cicatrices
 et les taches de sang il se fige dans l’effroi
 les chevaux de guerre maintenant
 c'est le temps de la guerre.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | De la fenêtre de l’hôtel écossais Je supprime le mot « mer » Du nom de la mer de Galilée
 Qui n’est pas agitée par les vents de mars
 Une vraie mer dresserait Contre la houle les muscles des vagues
 Et fracasserait leur tête sur
 Les rochers de la jetée.
 Quelle chance que pour susciter une tempête  Il suffit d’un simple regard sur la nuque
 De celle qui persiste à être ma femme
 Dans cette chambre d’hotel.
 Tr: Michel Eckhard Elial |      
        
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 |   | Autumn.  A  French Film Autumn is typically French, witnessed on the face of a man
 entering the local butchershop
 saying he has no title  for his new novel.
 "Are there trumpets?" asks the butcher. "No."
 "Are there drums?"
 "No."
 "So call it, 'No trumpets.  No drums."
 Then a yellow leaf landed, Jacques Prever-style, on the gold collar of a dozing cat,
 and the very first drop of rain sat
 on its tail, signalling the end of dog-days,
 the days of barking.
 Tr: Henry Israeli |      
        
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 |   | Ce que je n'ai pas dit à ma rencontre avec des condamnés à perpétuité Quelle chance qu'en poésie
 il n'y ait pas
 de prison perpétuelle
 après avoir coupé
 la tête inutile
 d'un mot
 fils
 de pute
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 |   | Lettre à Vladimir Vyssotski Tu ne le savais probablement pas, mais Ilana de la rue Arlozorov à Tel Aviv. voulait être ta troisième femme.
 Sur les couches neige que faisaient fondre tes chansons
 flottait un bateau de lave
 et ses mains blanchies comme une voile défaisaient la nuit les coutures
 d’une robe de mariée.
 Je regrette des mots exagérés comme « bateau de lave »
 mais c’était les seuls que je pouvais connaître de mes amoureuses
 qui remplissaient le hâvre de ton corps après que tu aies écrit que brûler ses vaisseaux
 n’est plus à la mode.
 Ailleurs, près de la salle de bal de l’éternité,
 elle t’attendra et te dira qu’elle n’a jamais oublié
 les battements de cœur
 sous le décolleté
 le reste de Smirnoff
 qui a caché
 la gêne dans le placard.
 33 tours par minute  c’était le temps pour l’aiguille de tourner sur tes microsillons,
 et sous la lumière basse du plafonnier
 de poignarder.
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 |   | Another winter On the nearby river boats painted pink sail on another errand, the man renting boats goes through another winter
 with rolled-up sleeves and he can always ask, “What about
 your Dutch, has she come back?”
 Tr: Barbara Goldberg and Moshe Dor |      
        
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 The poem is inspired by the film 'Tmunat Hanitzahon' (2021) ('Image of Victory').For more information about this film, see:
 https://www.imdb.com/title/tt14556392/
 |   | 18 Lines in Honor of the Raised Hands of the Milker From Nitzanim It’s no trick to hear only the call of the crow on top of the lion’s head in Tel Hai,
 or to picture the robin pecking
 the parachute cords of Hana Senesh.
 The trick is also to salute the raised hands
 of the Milker from the battle of Nitzanim,
 the hands that knew how to squeeze the cows’ teats
 for the cups of coffee in the dining hall
 from whose windows were squeezed
 the trigger of a rifle more than once.
 In the end he surrendered,  because after the clip was emptied of ammunition
 it was preferable there, in the dust of the desert,
 to fling up his hands
 To the clouds of his God.
 Heroism is sometimes to want not to become another row in the 1948 guide
 that indexes dead birds.
 Tr: Karen Alkalay-Gut |          
        
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 |   | The lady sings the blues You can plant a tree in the garden of needles That she stuck in her arms
 And a negro can awing there,
 Hanging above the animal of the land, the beast
 And the snake of the earth
 Above the big crocodiles and the soul of the creeping creature
 Wherever the water swarmed
 When the height of the waves was her height
 And the waves waves.
 They sprayed beach sand at her eyes And a tender foam left a white trail
 On the threshold of her lips.
 Tr: Michel Opatowski |      
        
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 |   | News from the underworld The bra saleslady’s pink tape measure in one Victoria’s secret’s New-York branches,
 sees more nipples a day
 than Casanova, say, had seen
 in all of his life.
 If it had soul it will never have stopped
 bolting upright.
 Tr: Amit Mish’an |      
        
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 |   | A moonstruck Sonata  A blond moon peeks
 from the slit
 of the shutter
 sees
 how
 my fingers
 blinden
 on
 braille
 engraving
 in her
 dark
 body.
 Tr: Liora Someck |          |